Rikin Gandhi et Aishwarya Pillai nous expliquent comment l’apprentissage par la vidéo peut encourager les communautés à devenir co-créatrices de connaissances plutôt que simples bénéficiaires passives.
En raison des taux élevés d’analphabétisme chez les petits exploitants des pays en développement, et de leur manque d’accès à l’information pertinente en temps voulu, les agences de développement se sont penchées sur la possibilité d’utiliser le support audiovisuel pour amplifier l’impact des services de vulgarisation destinés à ce groupe. Bien que les émissions de télévision aient fait preuve de leur efficacité à rejoindre leur audience, la capacité des téléspectateurs à se connecter et à réellement utiliser l’information peut s’avérer limitée. La nécessité de donner la parole à la communauté, et de l’impliquer dans la production du contenu et dans le processus de distribution a préparé le terrain à la vidéo participative, utilisée avec succès par plusieurs organisation comme Agro-Insight, qui réalise des vidéos sur des sujets à la fois généraux et pertinents pour les populations locales avec des vidéastes professionnels ou formés localement. Leur approche de zoom avant, zoom arrière intègre l’élément de pertinence locale et régionale pour maximiser le nombre d’individus sur lesquels chaque vidéo peut avoir une incidence. InsightShare aide les organismes de développement à concevoir leur propres processus de vidéo participative, et à contribuer à la création à l’échelle mondiale des People’s Video Hubs (plateformes vidéo communautaires).
Digital Green, un organisme de développement international qui utilise une plateforme numérique innovante pour l’engagement communautaire a remarqué que les projections en présence d’un conseiller agricole de vidéos adaptées au contexte local peuvent transcender les limitations des systèmes de vulgarisation traditionnels. Une évaluation intitulée Digital Green (Participatory Video for Agricultural Extension : vidéo participative pour la vulgarisation agricole) estime que le visionnement de vidéo en présence d’un animateur ou d’un modérateur peut encourager les exploitants à adopter de nouvelles pratiques agricoles pour environ un dixième du coût des services de vulgarisation traditionnels. L’adaptation des vidéos au contexte local peut s’avérer essentiel pour qu’une communauté consente à essayer de nouvelles pratiques. Les vidéos de Digital Green présentent des membres de la communauté qui viennent en général du même district que les spectateurs, faisant la démonstration de pratiques exemplaires dans leurs propres champs ou leur propre maison, apportant ainsi de la crédibilité au message. La projection des vidéos est modérée par des membres de la communauté formés qui aident l’audience à se rappeler des messages diffusés. L’équipe qui réalise ces vidéos se compose de membres de la communauté choisis au sein des organismes de développement locaux partenaires de Digital Green. En un mot, les vidéos sont faites pour et par la communauté.
Au-delà de la vidéo
L’approche va donc au-delà de la simple vidéo, en encourageant les communautés à être co-créatrices de connaissances plutôt que simples bénéficiaires passives. Les exploitants seront davantage enclins à adopter des solutions auxquelles ils auront contribué, et qui concernent les problèmes qu’ils ont eux-mêmes identifiés comme cruciaux. L’approche doit prendre en compte le retour d’information de la communauté. Les agents de vulgarisation sont formés pour récolter des informations auprès des agriculteurs. La présence des exploitants aux projections vidéo, leur intérêt, leurs questions, commentaires et tout autre impact résultant de l’adoption d’une nouvelle pratique ou technologie est enregistré. Ils partagent leurs opinions librement. Ce retour d’information est utilisé pour guider les itérations futures.
Cette production de contenu et ce processus de diffusion communautaires peuvent être intégrés dans des services de vulgarisation publics ou privés existants. Les agents de terrain dans les domaines de l’agriculture et de santé peuvent être formés pour utiliser les vidéos communautaires comme outils de travail. L’approche est suffisamment fluide pour converger vers d’autres canaux TIC, et poser les bases de futurs systèmes intégrés de vulgarisation agricole et d’échange de connaissances assistés par les TIC.
La technologie en elle-même n’est cependant pas la solution aux questions de développement. Elle peut tout au plus amplifier la volonté et la capacité humaine. Il est donc primordial pour Digital Green d’identifier les organisations avec lesquelles établir des partenariats. Pour qu’une telle approche d’apprentissage centrée sur la communauté fonctionne, il est également essentiel d’identifier et de collaborer avec des individus au niveau local qui sont respectés et en qui la communauté a confiance. Ces derniers apparaîtront dans les vidéos en tant qu’ « acteurs » faisant la promotion des pratiques exemplaires ou agiront comme médiateurs lors des projections vidéo, en orientant les discussions qui pourraient améliorer les comportements ayant une influence sur le bien-être de la communauté.
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