L’alimentation et l’agriculture deviennent des sujets de discussion populaires chez les jeunes du Burkina Faso grâce au festival de films Consom’Acteurs.
Des films documentaires pour éveiller l’intérêt de la population du Burkina Faso et la sensibiliser aux thèmes liés à l’alimentation et l’agriculture : c’est le projet lancé par l’association burkinabè des journalistes et communicateurs agricoles (ABJCA) à travers le festival de films Consom’Acteurs (contraction de deux mots consommateurs et acteurs) tenu du 1er au 3 mai 2015 à Ouagadougou. Il s’agit de faire circuler l’idée qu’aujourd’hui plus que jamais, chaque citoyen du Burkina Faso doit repenser sa consommation afin de contribuer réellement au développement du pays.
Cette première édition du festival Consom’Acteurs s’est composée de quatre projections suivies de discussions, quatre panels thématiques et des sessions de dégustations de plats élaborés avec des produits issus de l’agriculture locale. Un des films projetés, Paysans d’ici et d’ailleurs blues sans frontières, met en parallèle des situations réelles vécues par des exploitants dans deux villages burkinabés et des agriculteurs du Luxembourg. Il montre que des deux côtés les agriculteurs rencontrent les mêmes difficultés et ressentent le même attachement à la terre. Le film révèle qu’au Burkina Faso, de plus en plus de jeunes quittent la vie à la ferme qui ne les séduit plus. « Je ne veux pas que mon enfant soit agriculteur. Je préfèrerais qu’il soit professeur ou infirmier » déclare une agricultrice dans le film. « Ces propos reflètent véritablement la mentalité actuelle de nos parents, de ceux d’entre nous qui sont allés à l’école, de vous journalistes, et des étudiants. C’est seulement lorsque vous avez échoué partout ailleurs que vous retournez à l’agriculture », constate avec regret Souleymane Ouédraogo, ancien directeur général de la promotion pour une économie rurale. Mais que faire pour rendre le métier d’agriculteur plus attrayant au Burkina Faso, de façon à attirer les jeunes dans cette profession et faire en sorte qu’ils y restent ?
À la recherche du changement
Paul Taryam Ilboudo, Président et Directeur Général de la Société Agropastorale et de Services, a déclaré : « l’agriculture est à la fois un métier du présent et un métier d’avenir. Si les jeunes agriculteurs réussissent à produire, atteindre l’autosuffisance, dégager des surplus, et vendre leurs produits, ils pourront gagner de l’argent et l’utiliser pour faire des améliorations dans leur maison, offrant ainsi du travail aux constructeurs du village, et installer des panneaux solaires, ce qui fournira du travail aux jeunes ingénieurs du village. C’est grâce à l’agriculture que nous pourrons offrir des emplois à nos jeunes et préparer notre avenir ».
Souleymane Ouédraogo semble partager cette analyse : « Je ne vois pas d’autre solution pour le Burkina Faso que celle de l’agriculture et de l’artisanat. Voilà pourquoi nous devons redonner à notre agriculture sa gloire d’antan, afin que les jeunes puissent revenir à la terre, la cultiver et en vivre ». Convaincu que les jeunes ont besoin de nouveauté dans l’agriculture, il ajoute : « S’ils doivent se contenter de l’agriculture de subsistance, comme nos parents, ils ne reviendront pas vers le secteur agricole. Le monde a changé et la jeunesse doit se tourner vers l’entrepreneuriat. Nous devons créer des conditions favorables pour que l’agriculture devienne une véritable activité professionnelle pour les jeunes ».
Yennenga Kompaoré, une jeune entrepreneuse dans le domaine des communications, croit que les jeunes ont besoin de davantage d’inspiration. « Nous avons besoin d’être inspirés, d’avoir des gens à nos côtés qui nous motivent par la pertinence de ce qu’ils font » affirme-t- elle. Elle ne manque jamais une occasion d’appeler les Burkinabés de tous les secteurs du travail à utiliser leurs compétences au service du milieu rural. «Je pense que tous les citoyens du Burkina Faso doivent au minimum prendre davantage conscience de ce qu’est l’agriculture. »
Le festival de films Consom’Acteurs a pour objectif de faire de l’alimentation et de l’agriculture des sujets de discussion populaires. Cette première édition a remporté un énorme succès, en partie grâce au vaste débat public qu’elle a inspiré. L’ABJCA a fait appel à 10 étudiants en communication et en journalisme, qui ont participé au reportage et à la couverture en ligne de l’événement. Ces étudiants, ainsi que les jeunes professionnels impliqués dans l’ABJCA, sont par conséquent devenus de véritables agents du changement. Un reportage et des émissions de radio sur le festival sont également en cours de réalisation dans plusieurs langues locales. Ils seront diffusés dans le cadre d’une campagne d’après festival en vue de continuer à promouvoir le concept de Consom’Acteurs. Pour qu’un réel changement se produise au Burkina Faso, chaque citoyen doit s’impliquer à promouvoir le métier d’agriculteur et encourager la consommation de produits agricoles locaux.
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