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Au carrefour du genre et des données ouvertes

The World Wide Web Foundation implemented a gender data and technology initiative in Côte d’Ivoire called “TechMousso,” a combination of Tech for technology and Mousso, which means woman in Bambara, a language spoken in most West African countries.

Les données ouvertes sont des données accessibles à tous, utilisées et partagées par tout le monde. Un meilleur accès aux données ouvertes peut aider les populations à façonner un avenir durable, à l’aide de solutions fondées sur des données probantes, tout en contribuant à une prise de décisions plus transparente. Pour exploiter le potentiel des données ouvertes, tout le monde doit pouvoir y accéder et les utiliser. Apprenez-en plus sur l’enquête de la Web Foundation pour savoir si les Africaines profitent aussi des données ouvertes.

L’accès aux données ouvertes permet aux acteurs du secteur agricole de prendre des décisions basées sur des informations plus précises et probantes. Ils peuvent ainsi développer des approches tenant compte de la dimension du genre afin d’améliorer l’efficacité générale du secteur et contribuer à répondre au défi de la sécurité alimentaire. Le potentiel des données ouvertes est immense : elles peuvent influer positivement sur les politiques, les économies et les sociétés. Toutefois, rares ont été les initiatives soutenues par des gouvernements, la société civile ou des bailleurs de fonds, qui se sont intéressées à l’utilisation de ces données pour répondre spécifiquement aux besoins des femmes. Pour avoir un impact optimal, les données doivent être accessibles et utilisées par tous. Or, ce n’est pas le cas en Afrique où un écart significatif existe entre hommes et femmes dans les différents usages de la donnée.

En mai 2018, Ana Brandusescu, de la Web Foundation, a organisé un webinaire pour le groupe de travail GODAN (Global Open Data for Agriculture and Nutrition, Données ouvertes mondiales pour l’agriculture et la nutrition) sur le développement des capacités au cours duquel elle a abordé la thématique du « carrefour entre le genre et les données ouvertes ». Ce webinaire a précédé la publication d’un rapport co-écrit avec Nnenna Nwakanma, directrice des politiques par intérim, en collaboration avec des experts africains sur le genre, les droits numériques et les données ouvertes – AfroLeadership, BudgIT, Open Data Durban et WOUGNET (Women of Uganda Network). Ce rapport, intitulé Les données ouvertes fonctionnent-elles pour les femmes en Afrique ?, établit un état des lieux complet à l’échelle du continent. Il s’appuie sur des études réalisées au Nigeria, au Cameroun, en Ouganda et en Afrique du Sud, ainsi que sur un sondage réalisé auprès d’experts de 12 pays africains. Très détaillée, cette publication identifie les quatre principaux défis à relever pour sortir de cette approche cloisonnée :

  1. Le rapport a mis en lumière une culture des données « fermées » en Afrique. Il explique que « la plupart des pays n’ont pas une culture ouverte. Les législations et processus en place ne sont pas favorables à l’égalité des sexes. La résistance institutionnelle au décloisonnement des données fait que peu de pays initient des politiques et projets sur cette problématique au niveau national. En outre, la législation et les politiques sur l’égalité des sexes manquent de cohérence et ne réduisent donc pas les inégalités. Enfin, la collaboration interorganisationnelle nécessaire au renforcement du mouvement en faveur des données ouvertes fait défaut en Afrique ».
  2. L’accessibilité des données est également perçue comme un défi : « Les réalités culturelles et sociales compliquent encore plus l’accès des femmes aux données et leur participation au secteur de la technologie. En Afrique, un gigaoctet de données mobiles coûte en moyenne 10 % du revenu mensuel moyen. Ce coût prohibitif exclut de fait les femmes dont les salaires sont moins élevés que ceux des hommes. De plus, le manque de temps, les écarts de rémunération entre les sexes et le travail non payé demeurent des obstacles économiques empêchant les femmes d’accéder aux technologies numériques. »
  3. Le manque de données nuit à l’objet même de l’enquête sur les femmes et les données. Comme le précise l’auteur, « presque tous les jeux de données en Afrique subsaharienne (373 sur 375) sont fermés, et les données ventilées par sexe, quand elles sont disponibles en ligne, ne sont souvent pas publiées en tant que données ouvertes. Rares sont les politiques sur les données ouvertes qui favorisent l’ouverture des jeux de données clés. De plus, lorsqu’elles existent, elles restent souvent à l’état de projet. Tant que les investissements dans les projets sur les données ouvertes, les bonnes pratiques de gestion des données et la mise en œuvre de réformes relatives au droit à l’information resteront limités, une amélioration est peu probable. »
  4. La recherche dans ce domaine, lacunaire, est aussi un problème. Ana et ses co-auteurs observent : « Il n’y a pas suffisamment de financement, de collaboration et de défenseurs des données ouvertes. Les groupes de femmes, les organismes spécialisés en droit numérique et les experts du genre collaborent rarement sur les questions liées aux données ouvertes et au genre. Des collaborations multi-acteurs sont indispensables afin de développer des solutions efficaces. »

Le rapport comme le webinaire soulignent la nécessité d’une approche collaborative. Pour le Web Foundation, la clé est : « Développer une culture fondée sur l’accès aux données ouvertes pour tous, en particulier les femmes (…), [dans laquelle] les acteurs de la société civile du secteur des technologies et de l’égalité des sexes unissent leurs forces et collaborent avec le gouvernement et le secteur privé pour faire de cette culture une réalité. »

La rapport souligne aussi cette réalité, à savoir qu’en 2018, « les femmes sont moins connectées à Internet que les hommes ; sont moins susceptibles d’être consultées pour l’élaboration de politiques et initiatives sur les données ; sont sous-représentées parmi les experts des données ; et sont souvent écartées des statistiques officielles ». Néanmoins, aborder le sujet de manière proactive pourrait déboucher sur une nouvelle approche collaborative, qui utiliserait le carrefour entre le genre et les données ouvertes pour initier un débat sur l’état actuel des données publiques et les possibilités pour améliorer la situation. Idéalement, les femmes devraient pouvoir utiliser les données ouvertes pour s’émanciper. Quant aux gouvernements, ils doivent également les exploiter pour aider les femmes et renforcer l’engagement de l’état envers ses citoyens.

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La présence des femmes dans l’agriculture est une réalité statistique. Les études montrent qu’elles représentent aujourd’hui 40 % de la main-d’œuvre du secteur dans les pays ACP. Bien que leur contribution soit essentielle au développement de l’économie rurale et de la numérisation, l’écart entre les sexes continue à se creuser sur les TIC. Les agricultrices éprouvent des difficultés à accéder à l’information, aux produits et services financiers ainsi qu’aux marchés. De plus, elles sont souvent tenues à l’écart de l’élaboration des politiques.

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Brastorne Enterprises, entreprise possédée par des jeunes et dirigée par des femmes, travaille au développement de solutions efficaces et adaptées pour le marché africain. Son objectif est d’offrir l’équité des chances aux communautés rurales et mal desservies. La cofondatrice, Naledi Magowe, très impliquée dans la réduction de la fracture numérique en milieu rural, a gagné une reconnaissance internationale grâce à son projet mAgri et sa première place au concours Pitch AgriHack du CTA en 2016.

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Les données ouvertes sont des données accessibles à tous, utilisées et partagées par tout le monde. Un meilleur accès aux données ouvertes peut aider les populations à façonner un avenir durable, à l’aide de solutions fondées sur des données probantes, tout en contribuant à une prise de décisions plus transparente. Pour exploiter le potentiel des données ouvertes, tout le monde doit pouvoir y accéder et les utiliser. Apprenez-en plus sur l’enquête de la Web Foundation pour savoir si les Africaines profitent aussi des données ouvertes.

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Keithlin Caroo est la fondatrice de l’association à but non lucratif Helen’s Daughters, basée à Sainte-Lucie. Le projet a vu le jour en 2006 après avoir été récompensé par le programme Empower Women Champions for Change de l’Organisation des Nations unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des Femmes (ou ONU Femmes).

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Fatma Ben Rejeb est la CEO de l’Organisation panafricaine des agriculteurs (PAFO). La PAFO est un réseau d’organisations paysannes de tout le continent africain, qui vise à améliorer la communication, la collaboration et le partage d’informations/de connaissances entre les parties prenantes. Elle est la première organisation paysanne à l’échelle du continent et constitue un instrument important pour associer directement les agriculteurs au programme africain de croissance et de développement.

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