Dans ce numéro d’ICTupdate, nous essaierons de montrer que c’est bien le cas, même si nous devons encore faire des progrès en ce qui concerne la façon dont nous profitons de l’ouverture des données pour l’agriculture. Un rapport réalisé par McKinsey en 2013 indique que les données ouvertes pourraient profiter à l’économie mondiale à hauteur de 3 milliards de dollars par an.
Pour suivre cette révolution, nous avons fait notre propre révolution au CTA et avons confié cette édition d’ICTUpdate à nos stagiaires pour profiter d’un œil neuf. Ce numéro sera également accompagné d’un complément de contenu publié en ligne.
Données ouvertes et révolution des données
Il existe plusieurs définitions des données ouvertes, citons par exemple celle d’OpenDefinition.org : « Les données et le contenu ouverts peuvent être utilisés, modifiés et partagés librement par n’importe qui dans n’importe quel but ». Cela signifie que les données sont disponibles, accessibles et peuvent être mélangées à d’autres ensembles de données pour être rendues universellement accessibles à tous. En rendant les données véritablement ouvertes, nous devons également les inscrire dans un contexte.
Tim Berners-Lee, l’inventeur du Web et l’initiateur des données couplées propose le système à cinq étoiles pour les données ouvertes qui offre une définition technique plus complète des données ouvertes et décrit cinq niveaux différents d’ouverture (sur le Web*, données lisibles par machine**, format non propriétaire***, normes RDF**** et RDF couplé*****). Cependant, très peu de services de données agricoles atteignent le niveau d’ouverture cinq étoiles. L’Institut des données ouvertes (IDO) a élaboré une définition non technique de ce système à cinq étoiles. David Tarrant (IDO) a présenté cette approche lors de l’atelier GODAN (20 janvier) de la manière suivante : disponible*, réutilisable**, format ouvert***, utilisation d’identifiants pour pouvoir coupler des données****, et tous les éléments qui précèdent et la capacité de coupler les données à celles d’autres personnes pour fournir un contexte*****.
La révolution des données est une initiative de l’ONU post-2015 qui se rapporte aux actions de transformation nécessaires pour répondre aux exigences d’un programme de développement complexe ; aux améliorations à apporter en termes de collecte et d’utilisation des données ; au renforcement des capacités et des compétences en analyse de « small data » et de « big data » ; à la modernisation des systèmes de collecte de données ; à la libération des données pour encourager la transparence et la responsabilité ; et au développement de nouveaux objectifs et de nouveaux indicateurs.
Données ouvertes: quelles conséquences pour l’agriculture?
Quand nous parlons de l’agriculture et des données ouvertes, nous ne parlons pas des données agricoles au sens strict, telles que les rendements et les intrants. Nous incluons l’ensemble des données qui pourraient servir à favoriser la sécurité alimentaire, la nutrition et l’agriculture. Il peut s’agir de données satellites et météorologiques ou de la valeur nutritionnelle des cultures.
Les données ouvertes peuvent jouer un rôle aux niveaux macro et micro. Sur le plan de la politique nationale par exemple, nous avons suivi l’utilisation d’indicateurs servant à mesurer les investissements dans l’agriculture et la croissance des rendements qui en a résulté. Les données ouvertes peuvent apporter de la transparence aux dépenses gouvernementales dans l’agriculture.
Au niveau des exploitants, l’accès aux données modifie leur façon de gérer leurs fermes : par exemple, les données peuvent aider les exploitants à mieux comprendre les menaces de sécheresse ou à décider ce qu’ils vont produire et à quel moment ils iront vendre leurs produits sur les marchés. Les exploitants peuvent également contribuer à la collecte et à la saisie des données; que plantent-ils? Quand les cultures seront-elles prêtes à être récoltées? Quand seront-elles prêtes à être vendues?
La chaîne de valeur des données dans l’agriculture.
Avoir accès à de meilleures données et à de meilleures informations sur les rendements permet d’établir des objectifs de production agricole au niveau du processus d’élaboration des politiques, ainsi qu’au niveau des exploitants. Les données doivent être précises, constamment mises à jour et fiables, ce qui représente un défi. La capacité à collecter ces données à différents points facilite une participation universelle.
Pourquoi faudrait-il s’intéresser aux données ouvertes dans l’agriculture et la nutrition?
Le secteur agricole est confronté à la demande énorme de nourrir rapidement une population en augmentation, tout en étant soumis à des menaces toujours plus importantes liées au changement climatique. La production agricole doit augmenter tout en réduisant son impact sur l’environnement; on ne peut pas se contenter d’utiliser plus d’engrais et de labourer plus de champs. Tout aussi important, nous devons garantir une distribution plus juste de la nourriture produite, ce qui implique des investissements dans l’agriculture familiale, les chaînes de valeur et dans des marchés qui favorisent la sécurité alimentaire à tous les niveaux.
Les données ouvertes peuvent faciliter tout cela. Il existe une énorme quantité de savoir disponible dans un grand nombre de sources différentes : les pratiques des communautés autochtones, les nouvelles technologies développées par des institutions de recherche, les connaissances tacites, les savoirs transmis de génération en génération, l’application des politiques, l’utilisation de produits par les consommateurs, etc. L’accès à ces données peut nous aider à comprendre tous les aspects de la production alimentaire, comme l’état des sols, leur utilisation, la dynamique de la chaîne de valeur et à identifier les lacunes dans les données.
On trouve davantage de données environnementales là où l’ouverture est plus importante. Par exemple, l’imagerie satellite peut nous donner une idée des niveaux d’humidité du sol en analysant la réflectance infrarouge.
Les données ouvertes sont des éléments fondamentaux pour nous aider à mieux comprendre la terre afin d’améliorer la production et/ou l’accès au marché.
Les données ouvertes peuvent nous aider à rendre l’utilisation du savoir, et non l’agriculture, plus intensive.
Dans ce numéro d’ICT Update, nous donnons la parole à plusieurs parties prenantes qui expriment leurs idées pour faire face aux différents défis et nous présentons des outils TIC pratiques, qui pourraient être utilisés à une plus grande échelle, et participer à la révolution des données dans l’agriculture.
Dans ce numéro
« Aquacrop », modéliser l’agriculture
Destiné aux chercheurs et vulgarisateurs du monde agricole, « Aquacrop » est un modèle de croissance des cultures, développé et diffusé par la FAO depuis 2009. Il permet, en évaluant différents paramètres, d’améliorer les rendements des cultures dans un contexte de pénurie d’eau.
Point de vue du CTA sur les données ouvertes
Les parties prenantes à l’initiative GODAN (Global Open Data for Agriculture and Nutrition, Données ouvertes mondiales pour l’agriculture et la nutrition) se sont récemment rencontrés à Wageningen, Pays-Bas, pour discuter des impacts réels et potentiels des données ouvertes dans l’agriculture. Voici quelques enseignements tirés de cette rencontre.
La couverture du nuage: une prévision favorable pour un accès libre dans l’agriculture
par Michael Marus
Le “cloud”, nuage en français n’est plus un mot informatique à la mode ni même une simple tendance.
GODAN, un partenariat mondial d’avant-garde
par Martin Parr
À l’heure de l’ouverture des données, l’agriculture et la nutrition ne sont pas du reste. En effet, dans ces domaines comme dans tant d’autres, accéder gratuitement à des données de qualité est d’une importance vitale.
VIVO et Agriprofiles: Outil de découverte des connaissances implicites
par Federico Sancho
Le temps est devenu une ressource rare pour ceux qui vivent « connectés » et qui utilisent quotidiennement internet, les médias sociaux, les e-mails, les services mobiles et les alertes.
FarmDrive, un système gagnant-gagnant
par Peris Bosire
Les petits producteurs africains sont confrontés à un problème récurrent d’accès au financement et au crédit. De leur côté, les banques n’ont pas accès à cette clientèle potentielle, qu’elles jugent trop risquée.
Données participatives
La modélisation participative en trois dimensions est un outil communautaire qui s’appuie sur le savoir autochtone local à des fins multiples, comme la planification de l’utilisation des sols, la gestion de bassins hydrologiques, la prévention contre les catastrophes, la communication et la sensibilisation.
A living database for ICT4Ag
par Benjamin Addom
In your article in the last issue of ICT Update you mentioned that we need to coordinate efforts to monitor the impact of applications since there are so many of them. Have there been any positive signs during your stream sessions that this may be accomplished?
Données sur la pêche: Peut-on les collecter avec des applications mobiles?
par Milton Haughton
Milton Haughton, Directeur exécutif du mécanisme régional de gestion des pêches des Caraïbes (CRFm), analyse l’importance de données précises sur la pêche, pourquoi il est si difficile de les collecter et la nécessité de créer de nouveaux modèles de collecte, de validation et de diffusion des données. Il aborde également le rôle que joueront les applications mobiles à l’avenir dans ce domaine.
Renouer le lien entre les bibliothécaires et les exploitants
par Jacinta Were
Les données ouvertes ne sont pas nécessairement des chiffres ou des indicateurs, il peut également s’agir de métadonnées décrivant les documents.
Lier la nutrition à la révolution des données
par Lawrence Haddad
Entretien avec Lawrence Haddad, chargé principal de recherche à l’Institut International de Recherche sur les Politiques alimentaires (IFPRI).
Alors que les téléphones mobiles, les tablettes et la connectivité sans cesse améliorée se propagent dans le monde entier, la quantité de données que nous réunissons et stockons augmente de façon exponentielle. Avec chaque nouveau satellite lancé dans l’espace, nous recevons des données supplémentaires avec un niveau de détail toujours plus précis. Le savoir constitue une ressource déterminante en agriculture, et les données sont la matière première du savoir. L’agriculture tire-t-elle pleinement parti de la révolution des données ?