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Les TIC pour l'agriculture, entre défis et opportunités

Des résultats positifs ont déjà pu être observés sur le terrain et un déploiement à plus large échelle des TIC dans les prochaines années est un objectif à atteindre.

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Les technologies de l'information et de la communication (TIC) désignent l'ensemble des technologies utilisées pour traiter l'information et faciliter la communication. Elles permettent aux individus de collecter, créer et diffuser l'information par différents moyens : la voix, le texte ou l'image. Aujourd'hui, toutes les activités humaines sont touchées par la révolution des TIC. L'agriculture ne fait pas exception, notamment dans les pays ACP où la prise de conscience est grandissante quant à l'importance de l'accès à l'information.

L'utilisation des technologies de l'information et de la communication (TIC) dans le secteur de l’agriculture se heurte toutefois à des barrières : les ruptures d’approvisionnement en électricité, l’instabilité des réseaux, les coûts élevés des infrastructures informatiques, les faibles revenus des agriculteurs des régions rurales, l’absence de volonté politique et le manque de compétences, peuvent empêcher d'en tirer pleinement profit. Malgré ces obstacles, les opportunités demeurent énormes pour favoriser l'adoption et la diffusion de nouvelles pratiques agricoles. Avec la multiplication des formations, les exploitants sont d'ailleurs de plus en plus nombreux à maîtriser ces technologies. Il est également reconnu que les TIC transforment radicalement la vulgarisation agricole grâce à un accès facilité aux contenus (textes, images, audio et vidéo) dans une approche intégrée.

Redynamiser la vulgarisation agricole

Les nouvelles technologies permettent désormais aux agents de vulgarisation de communiquer à distance avec les agriculteurs afin de leur fournir les informations nécessaires à l'amélioration de leur production, de leurs revenus et de leur niveau de vie. L'appui des autorités demeure toutefois primordial. Au Nigéria, par exemple, le gouvernement fédéral forme les agents avec des compétences en informatique qui leur permettent d'intervenir dans différents domaines : cartographie numérique des exploitations, identification des types de sols, services météorologiques et registres de données. La mise en place de lignes d’assistance téléphonique en faveur des agriculteurs par les services nationaux de vulgarisation et de liaison pour la recherche agricole – pour les questions liées à la planification, la production, le stockage et la commercialisation des produits agricoles, du bétail et des produits halieutiques – contribue également à la transformation des pratiques et des services de vulgarisation dans ce pays.

Des études montrent que la majorité du personnel de vulgarisation au Nigéria a bien accès aux ordinateurs, à la radio, au téléphone, à la télévision et au matériel d’enregistrement vidéo. Ils ont désormais besoin de la formation, des infrastructures et des financements nécessaires pour mener à bien leurs activités. Des résultats positifs ont déjà pu être observés sur le terrain et un déploiement à plus large échelle de ces technologies dans les prochaines années est un objectif à atteindre.

50 % d'économie sur les intrants

En 2012, le gouvernement fédéral du Nigéria a lancé le programme Growth Enhancement Support (GES, Soutien pour une croissance renforcée) qui permet aux agriculteurs de se procurer des intrants subventionnés par les autorités politiques grâce à un terminal GSM (Global System for Mobile Communications). Le GES utilise le système de portefeuille électronique pour proposer un service transparent et efficace basé sur un système de coupons, fournis par les services publics de vulgarisation agricole. Les exploitants ont ainsi accès à des intrants comme les engrais ou les semences à la moitié du prix habituel, les 50 % restants étant pris en charge par le gouvernement. Vingt millions d'agriculteurs ont déjà profité de ce programme qui confirme le pouvoir grandissant des TIC dans l'agriculture... à condition toutefois que les exploitants soient bien formés à l'utilisation de ces technologies.

TIC et services traditionnels, combinaison gagnante

Les agriculteurs ont aujourd’hui besoin d'une information actualisée en continu. Dès lors, les techniques traditionnelles de communication – interventions sur place, courrier, agents de contact – ne suffisent plus. Cependant, bien que les TIC soient dorénavant privilégiées, les deux formes de communication, moderne et traditionnelle, peuvent être associées pour une efficacité optimale.

Dans le cadre d'une approche traditionnelle, les TIC jouent un rôle de complément. Les agents peuvent, par exemple, utiliser ces technologies pour diffuser l'information au moment de leurs visites sur le terrain, comme leur permettre de suivre les progrès des agriculteurs ou servir de canal afin de les conseiller en cas de problème.

RiceAdvice, lancée en 2016 par les centres d’innovation verte de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ, Agence de coopération internationale allemande pour le développement), est un exemple d'application qui a toujours besoin des méthodes traditionnelles. L’objectif de cette application mobile est d'optimiser les rendements rizicoles au Nigéria et au Mali en rationalisant les doses d’engrais à employer et d’améliorer le taux d’emploi des jeunes, en les formant à l’usage de l’application et à sa diffusion sur le terrain. Actuellement, RiceAdvice est utilisée par les agents de vulgarisation du secteur public qui fournissent également des recommandations en format papier aux différents agriculteurs.

Les TIC, une voie d'émancipation pour les femmes ?

Le volet « Femmes dans l’agriculture » du Programme de vulgarisation agricole (ADP, Agricultural Extension Programme) du Nigéria, a été conçu pour recueillir, adapter, générer et diffuser des informations dans le but d’améliorer le niveau de vie des femmes des régions rurales. Le programme prévoit la participation d’agentes de vulgarisation à tous les niveaux, depuis le siège institutionnel jusqu’aux villages, dans chaque état. Ces professionnelles travaillent au contact des agricultrices, sur le terrain, et les aident à s'organiser. Ainsi regroupées en coopératives, elles ont plus facilement accès aux intrants et aux crédits.

Il reste néanmoins beaucoup de chemin à parcourir. En effet, les études sur le genre ont mis en lumière que ce sont surtout les jeunes hommes qui ont recours aux TIC (notamment les ordinateurs, Internet et les messageries électroniques), les femmes des zones rurales restant toujours à la marge au niveau des usages. Il y a donc clairement un fossé entre les discours et la réalité. Cependant, l'accessibilité aux TIC progresse et permet aux agents de vulgarisation de toucher de plus en plus de femmes directement, sans avoir à passer par le canal homme / époux – à condition néanmoins qu'elles ne soient pas dépendantes financièrement et ne doivent pas solliciter l'aide de leur conjoint en cas de problème technique. De nombreux obstacles doivent donc encore être surmontés avant de voir les TIC devenir un outil d'émancipation pour toutes les agricultrices.

Des défis à relever

Afin de développer encore davantage la vulgarisation basée sur les TIC, plusieurs conditions sont requises. Des mesures devraient notamment être prises pour subventionner les recharges de téléphone portable et les abonnements internet afin d'offrir aux agriculteurs un accès l'information en toutes circonstances. Développer les infrastructures nécessaires pour remédier aux ruptures d'approvisionnement en électricité et à l'instabilité des réseaux est un autre défi essentiel à relever pour favoriser l'impact des TIC à grande échelle.

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Le CTA se donne pour mission de faire avancer la sécurité alimentaire, la résilience et la croissance économique inclusive dans les pays ACP par le biais d’innovations dans l’agriculture durable. Tout au long de ces 10 dernières années, le CTA a joué un rôle dans l’identification des innovations technologiques de pointe, dans la promotion de la culture et des compétences numériques ainsi que dans la formation et le renforcement des capacités des acteurs du secteur agricole à innover et utiliser des solutions d’agriculture numérique.

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