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L'agriculture biologique, un tremplin pour les femmes entrepreneures

Afin de répondre à la demande du marché des produits de la noix de coco à Samoa, WIBDI a créé une base de données donnant en temps réel le stock précis des disponibilités.

© CTA

L'agriculture biologique représente une opportunité pour les productrices dans les pays ACP. En effet, elle leur permet d'accéder à des marchés de niche, au niveau mondial, et d'y écouler des produits à forte valeur ajoutée. Amélioration des conditions de vie, levier pour faire évoluer les pratiques au niveau local, impact positif sur l'environnement : deux exemples, aux Samoa et en Jamaïque, vont venir illustrer le potentiel et les séduisants résultats de ces méthodes novatrices.

Aux Samoa, pays caractérisé par un accès aux terres limité à cause de l'agriculture extensive, la production d'huile de noix de coco vierge biologique a offert une véritable bouée de sauvetage aux agricultrices grâce au soutien de WIBDI (Women In Business Development Inc.). Cette organisation locale de développement des entreprises à vocation sociale, soutenue par le CTA, aide les femmes – et par extension les autres membres de la famille – à mettre en place des projets rentables. Fondée en 1991, WIBDI propose notamment une formation sur l'amélioration des compétences et des capacités d'encadrement. Elle facilite par ailleurs l'accès des agricultrices à des marchés internationaux centrés sur les produits biologiques haut de gamme. Impliquée dans 183 villages à travers le pays, WIBDI promeut et soutient la certification biologique des entreprises agricole qui permet aux exploitantes de générer 200 000 € par an.

Une vision concrétisée à l'international

WIBDI offre aux productrices d'huile de noix de coco vierge les moyens de leurs ambitions (procédés, certification, etc.). Ces actions révèlent l'immense potentiel de l'agriculture biologique pour soutenir l'activité des femmes, explique Taaloga Apa, directrice de programme au sein de l'organisation. « Nous sommes parvenus à introduire l'huile de noix de coco vierge sur les marchés internationaux. La chaîne The Body Shop, au Royaume-Uni, est par exemple l'un de nos principaux intermédiaires sur ce produit », précise-t-elle. La société britannique, spécialisée dans les cosmétiques, les soins de la peau et le parfum, achète l'huile samoane depuis 2008 et les agricultrices perçoivent 80% de la recette des ventes. WIBDI a également permis la mise en place d'un partenariat marketing avec une chaîne de café haut de gamme en Nouvelle-Zélande, C1Espresso.

« Les dirigeants de The Body Shop ont réalisé qu'ils aidaient les petites exploitantes samoanes à améliorer leur niveau de vie en achetant leur huile vierge, poursuit Mme Apa. Notre huile est assez chère, mais l'enseigne a choisi de privilégier la qualité et de soutenir, en même temps, notre travail avec les agricultrices. »

Miser sur la qualité, pas la quantité

WIBDI fait la promotion d'autres produits biologiques dans ses programmes de développement, comme les fruits et légumes frais ou le café. Avec le soutien du CTA, l'organisation a pu participer à différentes foires commerciales et réunions politiques autour du monde afin de promouvoir ses actions.

« Le travail de WIBDI avec les agricultrices est exclusivement centré sur le biologique. Pour les petites îles, cette stratégie fonctionne très bien, compte tenu de la concurrence de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande », souligne Isolina Boto, responsable du bureau du CTA à Bruxelles. « Si vous ne pouvez pas rivaliser sur la quantité, vous pouvez par contre miser sur la qualité et la valeur ajoutée. C'est la voie empruntée avec succès par WIBDI, qui a n outre intégré les communautés dans le processus, ajoute-t-elle. L'organisation a, de plus, ouvert aux exploitantes les portes de l'international , tout en opérant en parallèle une diversification de la gamme de produits à valeur ajoutée commercialisés : bananes séchées, fruits et légumes frais, café, savon, objets d'art. »

« Le biologique, ça fonctionne ! »

 Des agricultrices jamaïcaines sont également impliquées dans la production de café biologique, une activité devenue source d'emploi et de revenus. L'une d'entre elles, Dorienne Rowan-Campbell, est propriétaire et gérante de l'entreprise Rowan's Royal Coffee. Elle produit et exporte la célèbre variété de café jamaïcain Blue Mountain, « du grain à la tasse », vers les marchés internationaux, de l'Europe au Japon en passant par l'Amérique du Nord.

« Le biologique est la seule forme d'agriculture régie par des principes d'équité, de justice et de respect de l'environnement. Pour moi, c'est l'aspect le plus fondamental, car cela signifie que vous contribuez à bâtir un avenir durable », déclare Mme Rowan-Campbell, inspectrice spécialisée en agricultrice biologique et coordinatrice de la certification pour le JOAM (Jamaica Organic Agriculture Movement), un organisme fondé en 2001 qui a formé 150 femmes originaires de la région Caraïbes depuis sa création. « D'une manière générale, nous constatons un intérêt croissant des gens pour le biologique. Cette tendance incite donc les producteurs de café à s'investir et à respecter les normes. En Jamaïque, les femmes choisissent elles-mêmes de se lancer dans le biologique, y voyant une chance de garantir la bonne santé des communautés, tandis que les hommes y décèlent, eux, de bonnes opportunités commerciales. Le biologique, ça fonctionne ! »

Elle conclut : « J'ai commencé par la café mais, très rapidement, je vais diversifier ma production avec du gingembre et du curcuma. Avec le changement climatique, je redoute les éventuelles conséquences d'un ouragan sur mes plants de café. Il me faut une assurance, que je vais cultiver sous terre. J'encourage les agriculteurs de mon entourage à faire preuve d'initiative, à diversifier leurs activités et à ne plus abattre autant d'arbres. Le café est un produit forestier : il a besoin d'ombre, et de plus en plus à mesure que les journées deviennent plus chaudes et moins pluvieuses. »

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