En reconnaissant que les agriculteurs ougandais n’ont pas pleinement adopté les TIC, en particulier les femmes, WOUGNET s’emploie à mettre au point des approches sexospécifiques pour faciliter l’accès à des informations agricoles pertinentes et actualisées et à des outils numériques.
En Ouganda, le secteur agricole emploie plus de 60 % de la population du pays et représente plus de 70 % des recettes issues de l’exportation. Il est, en outre, le principal fournisseur de matières premières aux entreprises liées à l’agriculture. Cependant, si la productivité est au rendez-vous, des efforts concertés doivent être menés pour réduire les inégalités entre genres. Cette réalité se traduit de manière statistique : seules 27 % des parcelles et 20 % des terres cultivées sont gérées uniquement par des femmes selon un rapport ONU Femmes de 2015. Ce déséquilibre s’étend également au domaine des technologies. WOUGNET (Women of Uganda Network, Réseau des femmes de l’Ouganda) précise que les agriculteurs ougandais n’ont toujours pas complètement apprivoisé une technologie – notamment les technologies de l’information et de la communication (TIC) les plus avancées – qui pourrait pourtant permettre d’améliorer la chaîne de valeur du secteur dans tous ses aspects. Dans ce groupe, les femmes sont encore défavorisées à cause d’obstacles liés aux croyances et normes culturelles.
Afin de s’attaquer à ces inégalités, WOUGNET travaille avec des réseaux d’agriculteurs – composés à la fois de femmes et d’hommes selon un ratio 70/30 – pour faciliter leur accès à des informations pertinentes et actualisées sur l’innovation et les technologies dans le secteur. Ces précieux renseignements peuvent être, par exemple, relatifs aux dernières variétés de cultures introduites ou mises en avant par les organismes de recherche, ou aux bonnes pratiques en matière de commerce et d’agronomie. De plus, eu égard à la situation des femmes, qui sont confrontées à de nombreuses barrières malgré leur importante contribution au secteur, WOUGNET a décidé d’opter pour une approche axée sur les questions de genre dans ses initiatives.
WOUGNET identifie dans un premier temps les contraintes : difficultés pour accéder aux ressources, notamment au niveau de la propriété foncière, manque de formation, financements insuffisants, accès limité ou nul à la technologie et ouverture réduite aux marchés et services de promotion. L’objectif est de briser, dès le départ, tous les préjugés et croyances qui empêchent l’émancipation des femmes dans le secteur. Par exemple, la GEM (Gender Evaluation Methodology, Méthodologie d’évaluation du genre) est à la fois un outil d’évaluation du genre et un manuel destiné à réduire les inégalités grâce à diverses technologies de diffusion de l’information.
Le modèle WOUGNET favorise les projets agricoles sensibles aux questions de genre et veille à ce que les femmes, qui représentent la majorité des salariés dans la production agricole, soient bien prises en compte. Ce modèle repose sur l’idée que les acteurs du secteur doivent impérativement avoir accès à des informations pertinentes et actualisées, avec deux aspects déterminants : qui peut accéder à ces informations et de quelle façon ? Dans cette optique, des partenariats multi-acteurs ont été conclus. Ils concernent plusieurs produits – riz et haricot mungo, niébé, graines de soja, arachide et sésame – et projets, dont :
- La mise en place d’un partenariat avec des institutions de recherche agricole afin de fournir des informations agricoles aux petites exploitantes du nord de l’Ouganda tout en expérimentant directement, à titre de projet pilote, des technologies agricoles innovantes, par exemple de nouvelles variétés de riz (narogram 1 & 2) et des cultures intercalaires avec du haricot mungo.
- Un projet EAAI (Enhancing Access to Agricultural Information, Amélioration de l’accès aux informations agricoles) reposant sur les TIC qui a pu voir le jour grâce au soutien du CTA. Il a débouché sur la création du Centre d’information de Kubere (KIC, Kubere Information Centre).
- Un partenariat avec l’Université de Makerere dans le but de mettre en œuvre un projet sur le renforcement de l’engagement de l’université et de la communauté agricole en faveur du développement durable (SUFACE, Strengthening University Farming Community Engagement for Sustainable Development). Le projet SUFACE a été conçu afin de développer un cadre opérationnel dans lequel des universités peuvent travailler conjointement avec les communautés locales. L’objectif commun est notamment d’améliorer la productivité et la compétitivité de l’agriculture à petite échelle, ainsi que l’implication et l’impact des universités dans le domaine du développement agricole.
Ces initiatives ont toutes démontré que l’égalité hommes-femmes était essentielle à la conception de tels projets et pouvait garantir un impact positif à long terme, tant pour les bénéficiaires que pour les institutions.
Les divers projets menés par WOUGNET et ses partenaires ont permis à la fois une hausse de la production de variétés améliorées et le perfectionnement des agricultrices en matière de TIC. Les conclusions des récentes évaluations des projets ont mis en lumière ces progrès. En effet, les agricultrices ont affirmé être désormais beaucoup plus à l’aise avec les outils TIC qui les lient aux chercheurs et aux acheteurs. L’utilisation accrue des smartphones et des applications tarifaires expliquent en grande partie ces avancées. De plus, les agricultrices peuvent dorénavant produire elles-mêmes des semences de qualité grâce aux diverses formations reçues et renforcer leurs capacités afin, notamment, de réduire les pertes post-récolte. La combinaison de ces initiatives a engendré une hausse globale des revenus. Ainsi, beaucoup de ménages dirigés par des agricultrices ont vu leur niveau de vie sensiblement s’améliorer : ces femmes peuvent désormais subvenir à d’autres besoins essentiels, comme payer les frais de scolarité de leurs enfants.
Pour WOUGNET, la capacité des agriculteurs, et particulièrement des agricultrices, à participer à la croissance du secteur agricole et à en profiter est liée à :
- leur capacité à adopter de nouvelles pratiques et connaissances, notamment technologiques ;
- leur faculté à résoudre leurs problèmes ;
- leur propension à s’investir activement dans toutes les étapes clés des chaînes de valeur de l’agriculture.
Faciliter l’accès à l’information est fondamental dans la quête d’émancipation des femmes et, par extension, du développement des communautés. Afin d’y parvenir, les agriculteurs, hommes et femmes, doivent être connectés aux canaux de communication modernes qui permettent d’accéder aisément et gratuitement aux bonnes informations. Il faut aussi les encourager à profiter de ces circuits pour partager leurs expériences et savoir-faire. En résumé, l’accès à l’information et la création de savoir sont des leviers essentiels pour la transformation sociale et économique, en particulier dans le secteur agricole, où les nouvelles données stimulent l’innovation et permettent d’accroître la productivité.
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