Gillian Stewart de WIBDI, explique comment l’organisation utilise les TIC pour soutenir un groupe de producteurs biologiques (agriculture familiale) du Samoa qui génèrent des revenus et de l’épargne grâce à la production.
Gillian Stewart est la directrice des programmes de Women in Business Development Incorporated (WIBDI), une organisation basée aux Samoa, sur la plus grande île de l’archipel, Savai’i. Elle se remémore son arrivée : « Je ne sais pas si c’était un hasard ou simplement le destin. J’étais très impressionnée par le travail de WIBDI. Tout a commencé par une simple conversation avec la directrice exécutive qui voulait savoir si je souhaitais travailler avec eux. J’ai ensuite été envoyée sur le terrain, dans le cadre d’un projet de renforcement des capacités pour aider 520 familles vivant sur une île et 250 résidant sur une autre. »
Parmi ses projets, WIBDI gère notamment un groupe de cultivateurs certifiés biologiques composé de 750 familles qui dépendent entièrement financièrement de la production agricole. Gillian travaille depuis 27 ans avec des familles et d’immenses avancées ont été réalisées en matière d’emploi et de génération de revenus. Toutefois, elle souligne que le principal défi demeure le « manque d’opportunités ». Savai’i est isolée et cette situation géographique représente un obstacle majeur dans l’accès aux nouvelles technologies.
Avec le soutien du CTA, Gillian a pu identifier les opportunités numériques offertes à la communauté. A partir de là, WIBDI a développé une application « de la ferme à la table ». L’objectif est de mettre directement en relation les consommateurs avec les produits frais cultivés par des familles d’agriculteurs locaux. WIBIDI opère à partir d’un modèle qui cherche à maintenir l’équilibre entre le respect des cultures et traditions d’un côté, et la mise en place d’un solide dispositif commercial de l’autre. Par exemple, dans la production de cacao, les femmes assurent habituellement la torréfaction et la fabrication de la pâte. Les hommes, quant à eux, les assistent dans cette tâche qui réunit finalement toute la famille. L’introduction des outils numériques dans l’équation leur permet de passer la vitesse supérieure. Gillian explique : « Les tablettes comme le système de base de données ont été extrêmement utiles, et le développement de l’application « de la ferme à la table » se poursuit à l’heure où nous parlons. »
WIBDI a signé des contrats et noué des partenariats importants qui lui permettent aujourd’hui de continuer sa mission de soutien aux familles vulnérables. L’organisation travaille avec de nombreux produits, dont le cacao, l’huile de coco ou le thé, qu’elle vend à l’entreprise Body Shop au Royaume-Uni ainsi qu’à différentes firmes en Nouvelle-Zélande. Selon Gillian, « il était important d’amener les entreprises de l’extérieur sur place. Nous souhaitons mener des projets qui incluent le respect de la culture et de la tradition. Nous ne pouvons pas simplement aller dans les villages et agir selon notre idée. Nous devons passer par le système des chefs. Il s’agit d’une culture orale : nous devons discuter de beaucoup de choses en face-à-face mais cela permet d’établir des relations de travail solides et de collaborer efficacement dans une perspective durable ».
Selon Gillian, si les nouvelles possibilités offertes pour développer les activités sont enthousiasmantes, certains problèmes doivent encore être résolus : « A l’arrière-plan, nous devons améliorer les connaissances en matière de finance, favoriser l’esprit d’entreprise et sensibiliser au fait que l’agriculture est un secteur professionnel respectable et honorable. Il faut faire évoluer les mentalités, tout en veillant à ce que la qualité et la ponctualité soient perçues comme essentielles. »
Une rencontre avec Gillian est un moment fort : archétype de la passionnée, elle déploie toute son énergie pour trouver des solutions et surmonter les obstacles liées à l’isolement de son île située au milieu du Pacifique, dont l’accès aux TIC (Technologies de l’information et de la communication) est fortement limité. Confrontée à de multiples contraintes – lenteur des connexions, coût élevé et caractère limité des données –, elle fait preuve de ténacité et se concentre sur les opportunités de créer des débouchés commerciaux fiables. Par exemple, elle travaille actuellement, avec l’organisation, au développement de l’agritourisme sur l’île. « Cela permet aux touristes, qui habitent pour beaucoup des zones urbaines, d’expérimenter la tradition et l’authenticité au contact des familles samoanes. Ils fabriquent leur propre chocolat ou pressent de l’huile de coco, explique Gillian. Les locaux peuvent bénéficier du soutien de WIBDI pour acheter des ordinateurs portables et des téléphones. Le but est de s’appuyer sur la technologie et l’innovation pour aider au mieux nos familles. » Nous avons eu l’occasion de rencontrer Gillian en personne lors des Journées européennes du développement en juin 2018, à Bruxelles. Elle se réjouissait de retourner à Savai’i afin de poursuivre sa mission : transformer les défis en opportunités grâce au fascinant potentiel du numérique.
Lire la suite
Combler le gap entre les femmes et l’agriculture digitale
par Chipo Msengezi et Yentyl Williams
La présence des femmes dans l’agriculture est une réalité statistique. Les études montrent qu’elles représentent aujourd’hui 40 % de la main-d’œuvre du secteur dans les pays ACP. Bien que leur contribution soit essentielle au développement de l’économie rurale et de la numérisation, l’écart entre les sexes continue à se creuser sur les TIC. Les agricultrices éprouvent des difficultés à accéder à l’information, aux produits et services financiers ainsi qu’aux marchés. De plus, elles sont souvent tenues à l’écart de l’élaboration des politiques.
Lire la suitemAgri et la femme à la base de l’innovation
par Naledi Magowe
Brastorne Enterprises, entreprise possédée par des jeunes et dirigée par des femmes, travaille au développement de solutions efficaces et adaptées pour le marché africain. Son objectif est d’offrir l’équité des chances aux communautés rurales et mal desservies. La cofondatrice, Naledi Magowe, très impliquée dans la réduction de la fracture numérique en milieu rural, a gagné une reconnaissance internationale grâce à son projet mAgri et sa première place au concours Pitch AgriHack du CTA en 2016.
Lire la suiteDes femmes aux commandes de drones : faire de l’exception une norme en Tanzanie
par Rose Funja
Une jeune femme africaine prospère et développe son activité dans le domaine des drones et de la science des données (domaine à prédominance masculine). Rose Funja œuvre à la promotion de la participation des jeunes femmes aux STEM.
Lire la suiteAu carrefour du genre et des données ouvertes
par Ana Brandusescu
Les données ouvertes sont des données accessibles à tous, utilisées et partagées par tout le monde. Un meilleur accès aux données ouvertes peut aider les populations à façonner un avenir durable, à l’aide de solutions fondées sur des données probantes, tout en contribuant à une prise de décisions plus transparente. Pour exploiter le potentiel des données ouvertes, tout le monde doit pouvoir y accéder et les utiliser. Apprenez-en plus sur l’enquête de la Web Foundation pour savoir si les Africaines profitent aussi des données ouvertes.
Lire la suiteDévelopper l'agroécologie et des solutions durables basées sur les TIC
Ezinne Merianchris Emeana chercheure à l’université de Coventry, a expliqué comment l’application SmartAgroecology encourage le partage des connaissances et des compétences agro-écologiques entre les agricultrices et les agents de vulgarisation au Nigéria dans le but de les aider à atteindre une production et une subsistance durables.
Lire la suiteLe numérique, une opportunité pour relever les défis aux Samoa
par Gillian Stewart
Gillian Stewart de WIBDI, explique comment l’organisation utilise les TIC pour soutenir un groupe de producteurs biologiques (agriculture familiale) du Samoa qui génèrent des revenus et de l’épargne grâce à la production.
Lire la suiteLe mariage entre agriculture numérique et tourisme, un tremplin pour les agricultrices de Sainte-Lucie
par Keithlin Caroo
Keithlin Caroo est la fondatrice de l’association à but non lucratif Helen’s Daughters, basée à Sainte-Lucie. Le projet a vu le jour en 2006 après avoir été récompensé par le programme Empower Women Champions for Change de l’Organisation des Nations unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des Femmes (ou ONU Femmes).
Lire la suiteDonner aux agricultrices les moyens d’accéder à l’information pour s'émanciper
par Dorothy Okello
En reconnaissant que les agriculteurs ougandais n’ont pas pleinement adopté les TIC, en particulier les femmes, WOUGNET s’emploie à mettre au point des approches sexospécifiques pour faciliter l’accès à des informations agricoles pertinentes et actualisées et à des outils numériques.
Lire la suiteLeadership féminin à la tête de l’Organisation panafricaine des agriculteurs : stratégie intégrée de développement rural
par Fatma Ben Rejeb
Fatma Ben Rejeb est la CEO de l’Organisation panafricaine des agriculteurs (PAFO). La PAFO est un réseau d’organisations paysannes de tout le continent africain, qui vise à améliorer la communication, la collaboration et le partage d’informations/de connaissances entre les parties prenantes. Elle est la première organisation paysanne à l’échelle du continent et constitue un instrument important pour associer directement les agriculteurs au programme africain de croissance et de développement.
Lire la suite