Brastorne Enterprises, entreprise possédée par des jeunes et dirigée par des femmes, travaille au développement de solutions efficaces et adaptées pour le marché africain. Son objectif est d’offrir l’équité des chances aux communautés rurales et mal desservies. La cofondatrice, Naledi Magowe, très impliquée dans la réduction de la fracture numérique en milieu rural, a gagné une reconnaissance internationale grâce à son projet mAgri et sa première place au concours Pitch AgriHack du CTA en 2016.
Sa fameuse application, mAgri, est un service USSD (Unstructured Supplementary Service Data, Données de services supplémentaires non structurées) qui permet aux agriculteurs de profiter d’informations et de conseils précieux, d’accéder aux marchés et de bénéficier de moyens de communication bon marché. Pour les communautés d’agricultrices isolées du Botswana, par exemple, il s’agit d’un bien inestimable. « La décision de lancer mAgri est venue de notre ambition de connecter les non-connectés, coûte que coûte, précise Naledi Magowe. Il y a beaucoup de femmes qui ont besoin, comme tout le monde, d’informations, d’opportunités et de moyens de communication simples et rapides pour avancer. Ces personnes désirent faire partie de l’économie numérique et avoir accès à internet, mais elles n’en ont pas la possibilité. » Naledi a réalisé que la majorité de ces personnes « non connectées » tiraient leurs revenus de l’agriculture et n’avaient pas à disposition les outils numériques nécessaires pour développer et améliorer leur activité. Elle a ainsi décidé de se focaliser sur ces communautés agricoles démunies dans son projet.
Naledi explique que son principal défi a été d’identifier une ressource déjà accessible au plus grand nombre tout en fournissant un service efficace et abordable. Pour 0.75 € (9 pulas) par mois, les abonnés ont accès à des renseignements sur les prix du marché, à des conseils sur les pratiques agricoles ainsi qu’à des informations météorologiques. En seulement deux ans, mAgri a convaincu 500 000 personnes d’essayer la plateforme au moins une fois et ils sont aujourd’hui plus de 350 000 utilisateurs actifs. L’application a bénéficié d’une promotion classique (publicités à la radio et à la télévision) mais ce sont toutefois les campagnes SMS qui ont le mieux fonctionné avec 10 000 nouveaux usagers séduits dès le premier mois. Naledi se rappelle : « Nous n’avions pas anticipé un tel succès, mais nous avons vite compris que nous étions en train de faire le buzz. »
Elle se souvient également des difficultés rencontrées pour trouver des fonds : « Nous avons rencontré des problèmes de liquidités au départ et nous ne disposions donc pas des sommes nécessaires pour commercialiser le service dans les meilleures conditions. » Des partenariats stratégiques ont ainsi été déterminants pour faire décoller le projet. En 2017, Brastorne Enterprises a entamé une collaboration avec Orange Botswana. Le géant des télécommunications a aidé l’entreprise à élargir ses services, tout en développant de nouvelles fonctionnalités pour mAgri afin de faire grossir son audience. Parallèlement, un partenariat avec le ministère de l’Agriculture botswanais lui permet de transmettre aux agriculteurs les conseils et dernières bonnes pratiques en date sur leur métier.
Aujourd’hui, la plateforme compte davantage de femmes (55 %) que d’hommes parmi ses utilisateurs et plus de 60 % de ses boutiques mobiles sont tenues par des femmes. De plus, selon Naledi, les femmes sont également plus impliquées dans les activités de proximité. Le succès de mAgri s’explique aussi par la disponibilité du contenu en tswana, la langue officielle du Botswana et celle privilégiée par les femmes en milieu rural. En effet, comme le souligne Naledi : « L’application devait être pertinente pour nos utilisateurs finaux et donc être la plus inclusive possible. »
Le succès de mAgri préfigure un déploiement à travers l’Afrique de l’Ouest et les pays francophones du continent, en commençant par Madagascar, la Côte d’Ivoire et le Cameroun. Naledi se rappelle des retombées positives générées par sa victoire au concours Pitch AgriHack du CTA : « Remporter l’AgriHack a eu un impact énorme sur notre travail et notre vision. J’ai appris beaucoup de choses qui m’ont permis d’élargir mon horizon et de faire évoluer le service. » Elle a notamment obtenu un soutien stratégique pour son projet : « Les conférences et les ateliers m’ont permis de rencontrer des personnes qui ont contribué au développement de mAgri à l’international et avec lesquelles nous avons noué des relations précieuses et pérennes. Certaines d’entre elles ont offert leurs conseils, facilité les liens avec les décideurs et suivi nos progrès. »
Forte de toutes ses expériences, elle souhaite faire passer un message aux femmes intéressées par les TIC (technologies de l’information et de la communication) et l’agriculture : « Nous vivons une époque passionnante. Beaucoup d’entre nous refusent d’être ignorées, nous faisons entendre nos voix et nous persévérons, malgré les difficultés inhérentes au fait d’être une femme dans un secteur dominé par les hommes comme les TIC. Soyez courageuses, et transformez les barrières et défis en opportunités pour montrer le meilleur de vous-mêmes et influer le plus possible sur le monde grâce à votre travail. Même si le monde ne changera pas en un jour, vous aiderez d’autres femmes à se persuader qu’elles aussi peuvent réaliser leurs rêves. »
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