Le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) confirme sa fermeture pour la fin 2020.
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Renforcer la résilience de l'agriculture familiale

Les TIC aident des millions de petits exploitants familiaux des pays en développement à avoir un meilleur accès à l’information, aux outils et aux technologies qui peuvent transformer leurs moyens de subsistance. En effet, les TIC aident les exploitants familiaux à vendre et à commercialiser leurs produits ; elles renforcent également leur capacité à faire face à l’épuisement des ressources (eau, terres, nutriments du sol) et à gérer les événements climatiques extrêmes, les ravageurs et les maladies qui affectent les cultures. Si l’on mettait à la portée des petits exploitants familiaux (et, tout particulièrement, des femmes agricultrices qui forment l’essentiel de ce groupe) davantage de solutions de TIC adaptées à leur besoins, leur agriculture pourrait rapidement passer du stade d’activité de subsistance à une entreprise profitable et durable. 

Accéder aux marchés 

L’agriculture à l’échelon mondial est de plus en plus axée sur les marchés. Or les exploitants familiaux isolés éprouvent de plus en plus de difficultés à participer aux marchés nationaux et internationaux, comme aux marchés locaux. Les petits exploitants agricoles ne commercialisent que de très petites quantités de produits et, souvent, ils n’ont pas accès aux systèmes de communication, de financement et de transport. S’ils pouvaient mettre en commun leurs produits et synchroniser de manière collective leurs systèmes de production et de commercialisation, la coopérative ainsi créée serait mieux équipée pour pénétrer ces marchés. Classiquement, les coopératives et associations de producteurs aident à réduire les vulnérabilités dans la chaîne de valeur. Cependant, dans la plupart des pays en développement, elles sont fragiles et souvent confrontées à de nombreuses contraintes (planification, contrôle des systèmes de production, logistique). Certaines coopératives ont essayé de surmonter ces contraintes en prenant le contrôle des terres. Mais cette approche limitait la possibilité des exploitants familiaux de participer aux processus décisionnels qui avaient un impact direct sur leurs moyens de subsistance ; c’est pourquoi elle n’a pas fonctionné. Les TIC permettent à présent de surmonter ces contraintes. Elles peuvent aider les exploitants familiaux à coordonner la planification et le contrôle de leurs systèmes de production et de commercialisation par l’agrégation virtuelle des données ; elles permettent ainsi d’éviter que des coopératives ne s’emparent de leurs terres ou ne prennent des décisions concernant leur exploitation. 

La disponibilité croissante des téléphones mobiles et de l’Internet permet aux petits exploitants d’accéder plus facilement aux services financiers. Les TIC donnent également aux exploitants familiaux la possibilité d’évaluer leurs processus de production agricole d’après un certain nombre de points de vue différents, ce qui leur permet de prendre des décisions plus avisées sur les plans économique et environnemental. L’accès aux TIC et à l’information améliore aussi leur culture technologique. Une organisation de producteurs utilisant des TIC peut à présent soutenir des exploitants isolés et leur suggérer que cultiver, où et quand ils devraient le faire et comment commercialiser. Ces systèmes peuvent également aider les exploitants à organiser et à planifier l’utilisation d’intrants.

Technologie de précision et droits fonciers 

Les données stockées dans le cloud, les applications et la généralisation des smartphones et des tablettes rendent la technologie de précision (comme les systèmes de cartographie à haute résolution et les cartes en trois dimensions) plus accessible pour ces exploitants. Ils peuvent à présent utiliser ces outils, qui étaient jadis le privilège des grandes exploitations, pour mesurer l’humidité et les nutriments du sol, par exemple, ou encore les émissions de dioxyde de carbone. On peut relier les capteurs utilisés pour effectuer ces mesures à des systèmes GPS et les intégrer dans des réseaux qui peuvent aider les agriculteurs à contrôler le bien-être de leurs cultures au niveau local. L’utilisation de drones et de caméras numériques leur permet de disposer de techniques de télédétection à un coût très bas. Un suivi attentif permet d’utiliser l’eau et les nutriments du sol de manière plus efficace et plus durable, ce qui a pour effet d’améliorer la résilience du système agricole. De nombreux petits exploitants familiaux éprouvent des difficultés à garantir leurs droits fonciers.. On peut à présent gérer des relevés cadastraux contenant des cartes et des registres, et y accéder à un moindre coût au moyen de systèmes d’information géographique dans le domaine public. Cela permet aux paysans de pouvoir réclamer les registres pour leurs exploitations et de les utiliser pour obtenir un prêt hypothécaire, un prêt bancaire et des indemnités de compensation. 

Un nouveau paradigme pour l’agriculture 

Comme pour la société en général, les TIC marquent le début d’un nouveau paradigme pour le secteur de l’agriculture. Elles exigent de nouvelles formes de collaboration et de partenariat. Elles offrent d’énormes possibilités de fournir des services fondés sur la connaissance aux paysans, entreprises agricoles, agro-industries et services financiers. Dans un avenir proche, ces services seront en grande partie fournis par des micro-, petites et moyennes entreprises aux paysans des villages et aux entrepreneurs qui opèrent sur les marchés locaux, nationaux et même internationaux. Dans la plupart des pays, les gouvernements et le secteur public sont à présent les principaux générateurs, gestionnaires et diffuseurs de données et d’informations organisées liées à l’agriculture. Les pouvoirs publics sont également responsables du développement, de la recherche, de l’innovation et de la vulgarisation agricoles. De nouvelles formes de collaboration et de partenariat entre les secteurs public et privé sont à présent nécessaires pour s’adapter à l’évolution de la situation dans le secteur agricole : les données et les informations seraient fournies par les gouvernements et le secteur public, tandis que le secteur privé fournirait les services fondés sur la connaissance. À l’avenir, une grande part du volume des données sera générée et partagée par les communautés elles-mêmes. Pour le secteur agricole, ce sera le fait des communautés agricoles qui contribuent aux chaînes de produits agricoles en termes d’intrants, de transformation, de commercialisation et de consommation. Les champs et les exploitations, ainsi que tous les processus liés, génèreront d’énormes quantités de données qui devront être traitées instantanément. Les exploitants isolés ont à présent la capacité de créer et de gérer des informations sophistiquées grâce à une connectivité, à une puissance de calcul phénoménale accessible au travers de l’informatique en « nuage » (« cloud ») et à des outils, applications et contenus reliés de manière intelligente qui sont partageables et abordables. Cette « démocratisation » de la science va amener les paysans à s’intéresser aux processus de recherche, d’innovation et de développement agricoles. Ceci pourrait bien transformer toute la structure des systèmes de recherche et d’innovation du secteur, surtout en ce qui concerne les producteurs familiaux dont les besoins spécifiques semblent bel et bien avoir échappé aux concepteurs des innovations technologiques actuelles. Les tendances technologiques indiquent que de nombreuses innovations sont sur le point d’émerger. Toutefois, leur disponibilité varie encore très fortement et les technologies et outils individuels ne sont pas encore intégrés de manière à pouvoir aider les petits exploitants familiaux. Ainsi, certaines applications permettent aux agriculteurs de faire leurs opérations bancaires en ligne, mais elles ne sont pas adaptées à leurs besoins, comme pour l’obtention d’un crédit hypothécaire ou une assurance-récolte. Pour rendre les TIC plus largement disponibles, il convient de transformer radicalement les institutions, leurs politiques, la gouvernance de la circulation de l’information. La principale préoccupation des pouvoirs publics devra consister à fournir non seulement des données et des informations, mais également l’infrastructure et les investissements nécessaires pour renforcer les capacités et favoriser l’intégration des systèmes et services d’information

Dans ce numéro

Ajit Maru est coorganisateur des Journées AgriFuture 2014 qui se sont tenues à Villach, en Autriche, du 16 au 18 juin, et rédacteur invité de ce numéro d’ICT Update.

Les TIC sont en train de transformer la vie des exploitants familiaux en leur donnant un meilleur accès à l’information, aux marchés, aux services et intrants et en accroissant leur résilience aux chocs externes.

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